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lily et ses livres - Page 5

  • Saint François d'assise, Raoul Manselli

    saint-francois-assisse-raoul.JPGOn connait la biographie sur Saint François d'Assise écrite par Jacques Le Goff, dans cet ouvrage, Raoul Manselli   fait lui aussi œuvre d’historien : son approche, revendiquée comme “ laïque ” (d’où, peut-être, l’absence du mot “ saint ” dans le titre ?), laisse aux psychologues et aux théologiens les dimensions subjective et religieuse du personnage.

    L’auteur le resitue dans le cadre de l’Europe et de l’Eglise de la fin du XIIe siècle, avant d’aborder la vie même de saint François. Celui qui mène une vie insouciante, mais point débauchée (comme le veut la légende), passe de l’autre côté du “ miroir social ” après sa rencontre décisive avec le lépreux : bien intégré, par sa famille et sa fortune, dans la vie d’Assise, il choisit le statut de réprouvé. Or ce choix pervertit totalement l’ordre de son temps. Saint François se qualifie de “ ioculator Domini ”, sorte de fou de Dieu, de “ fol en Christ ”, peut-être en référence à saint Paul, et inaugure l’évangélisation de rue, seule façon de prêcher qui lui soit permise, puisqu’il n’est pas un clerc admis à la chaire.

    L’attrait qu’il exerce sur la jeunesse de son temps se vérifie quand, pour la première fois, une jeune fille, de 11 ans sa cadette, demande à le rejoindre. Il accepte d’assouplir sa règle pour Claire et de l’adapter à d’autres femmes qui la suivraient. Les derniers temps de sa vie sont marqués par la souffrance, tant physique que morale : il sent la fragilité de son entreprise, craignant la décadence de l’esprit originel de l’Ordre.

    Ces quelques lignes ne sauraient rendre compte de toutes les qualités de ce livre passionnant.

    L’historien l’aime et l’admire, c’est certain, mais sa subjectivité, contrôlée, n’empêche pas la rigueur !

     

    St françois d'assise , Raoul Manselli , Cerf/Editions franciscaines, 600 p., 45 € (François Lagnau)

  • Chrronique du roman La quatrième main de John Irving

    irving.JPGCe roman est décalé dès le départ. Du coup on est dans le bain rapidement. J'ai vu récemment une interview sur France 5 ou je l'ai trouvé très intéressant. Cependant je ne sais pas comment cet auteur arrive à passer pour un homme sain ou encore à répondre à une interview comme un auteur normal.

    Cet homme a une imagination débordante et il sait à chaque roman, nous plonger dans de nouveaux univers. C'est vraiment un auteur hors normes, ces personnages sont singuliers (ici Patrick Wallingford est un journaliste qui ne fait rien pour se démarquer, mais qui fait tomber les femmes comme des mouches sans jamais faire le premier pas.

    En fait "il inspirait un trouble érotique et un désir hors norme", rien de moins). En ce qui concerne son style, j'adore, mais l'idéal serait de le lire en anglais. En tout cas la traduction est de qualité. Une chose est sûre, il a des idées toujours plus époustouflantes. Après l'avoir découvert avec Le monde selon Garp je me suis dit on ne peut plus rien inventer d'aussi fou, et bien si ! Ce que j'adore chez John Irving c'est que je suis toujours surprise, et c'est très plaisant de savoir que chaque roman sera une découverte.

    Bon parlons un peu de ce roman ! Rien ne se passe jamais simplement, aussi lorsque Patrick peut recevoir une greffe de main, celle-ci a comme qui dirait "un fil à la patte" et il se fait aussi greffer Doris Clausen. Doris, veuve d'Otto, le propriétaire de la main, veut retrouver son mari à travers cette main, et ne quitte plus Patrick. Comme quoi les personnages sont vraiment singuliers. Je trouve ce roman très profond, car il n'est pas seulement bon en surface, en plus il fait réfléchir.

    Ce journaliste change peu à peu, et la perte de sa main lui apporte une dimension plus grave. Il cherche de la reconnaissance, de la compassion, mais ne les trouve pas. Doris va beaucoup lui apporter. Cet homme à femmes va s'assagir et s'attacher à elle. J'ai aussi beaucoup aimé le personnage du chirurgien le Dr Zajac. Ce médecin spécialiste de la main n'est jamais reconnu comme tel car ces greffes se traduisent par des échecs. Il a un fils qui ne mange pas , sûrement par mimétisme (lui même est maigre, mange des graines et mène une vie très saine), une assistante folle de lui (surtout à partir de la page 50) et qui va même jusqu'à se métamorphoser pour lui plaire.

    En voici un passage éloquent : "La jeune femme avait perdu dix kilos, elle s'était inscrite à un club de gymnastique, elle courait cinq kilomètres par jour, et pas en petites foulées. Et si ses nouvelles tenues n'étaient pas du meilleur goût, elles avaient été choisies pour mettre son corps en valeur. Car belle, Irma ne le serait jamais, mais elle était bien bâtie".

    Ainsi Zajac quitte son démon de femme (Hildred) pour vivre une passion avec Irma. C'est un roman à épaisseur, voilà ce qui me vient pour le décrire, car il est drôle, débridé, parfois léger, mais il possède aussi un côté grave et délicat. J'ai aussi beaucoup aimé les remerciements, dans lesquels l'auteur explique d'où lui ai venue l'idée de ce roman, et puis ils sont aussi très bien écrits.

    John Irving, La quatrième main (The Fourth Hand), 376 pages, Editions du Seuil, Points, 2001

  • Avis sur Justine ou Les Malheurs de la vertu, Sade

    sade.JPGSouvent j’ai vu mon chat jouer avec les souris qu’il ramenait jusque devant ma fenêtre ; coups de griffes, légère mastication pour se faire saliver, les laissant filer puis les rattrapant, une fois, deux fois, trois… avant de leur briser définitivement les os d’un coup de mâchoire bien placé et de les dévorer en ne laissant que ce petit sac vert qui peut être leur estomac et que personne ne daigne jamais déblayer ; - puis repartir à la chasse.

    S’il se trouve que les personnages de Justine ont les mêmes habitudes que mon chat, et si l’héroïne se trouve être une souris particulièrement idiote, il y a comme la sensation qu’une fable de La Fontaine put aussi bien faire l’affaire. Pas que l’imparfait du subjonctif ne convienne guère à la narration d'une fellation forcée ou bien d’une sodomie brutale, mais cependant, ces longs discours sur l’immoralité de la nature auraient pu aisément se réduire à quelques lignes. Oui, il fut fort probable que Sade, contrairement à ses personnages (et contrairement à mon chat) s’ennuyât sec à la Bastille.

    Mais quitte à dépenser des calories, dont le divin marquis ne manquait certes pas, il est sûrement de plus divines façons de le faire que celle qui consiste à copier les passe-temps de mon chat – qu'au passage j’apprécie beaucoup.

  • Mes livres Fantasy préférés

    botero.JPGA comme Association, de Pierre Bottero & Erik L’Homme (tome 1tome 2tome 3tome 4tome 5 – tome 6) : Il y avait bien longtemps que je n’avais pas autant accroché à un cycle jeunesse ! Je trouve les intrigues trop souvent bâclées et les personnages trop peu développés mais avec l’association de deux auteurs que j’admire, qui ont écrit La Quête d’Ewilan, Les Mondes d’Ewilan, Le Pacte des Marchombres ou bien Le Livre des Etoiles pour le second auteur, je prenais peu de risques !
    Je trouve bien toujours quelques reproches, au niveau des mystères qui s’étirent un peu trop en longueur mais suivre les péripéties de Jasper me fait toujours passer un bon moment de rigolade !

    Le chant du troll, de Pierre Bottero & Gilles Francescano : Encore une fois, aucune surprise ! L’histoire est très enfantine mais le message touchant et joliment raconté. Les illustrations sont de plus magnifiques, ce qui ne gâche rien !

  • Mes romans classiques préférés

    Raison et sentiments, de Jane Austen : Sans trop de surprise… Ce n’est pas roman préféré de l’auteur, et s’il n’égale pas Orgueil et préjugés ou Persuasion, c’est toujours un plaisir de retrouver la délicieuse plume de la dame.

    Agnes Grey, d’Anne Brontë : J’ai découvert Emily et j’ai aimé. Puis j’ai découvert Charlotte et j’ai adoré. Je ne pouvais qu’apprécier la troisième sœur et je serais ravie d’en découvrir encore davantage !

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell : J’attendais depuis longtemps d’avoir le temps de découvrir ce volumineux chef-d’œuvre et une seule question subsiste : pourquoi ai-je attendu tant de temps ?
    Scarlett O’Hara est une héroïne merveilleuse et Rhett Butler rejoint Darcy et Rochester dans le cercle très fermé des respectables personnages masculins à épouser ! En plus d’une superbe histoire d’amour, le fond historique est vraiment prenant !

    steimbeck.JPGLes Raisins de la colère,  de John Steinbeck : J’avais découvert A l’est d’Eden en 2010 et j’ai poursuivi ma découverte en 2011… Un roman par an me semble un bon moyen de découvrir toute l’œuvre de ce génie !
    Que ce soit en français ou en anglais, j’adore toujours autant sa façon d’écrire et les sujets traités !

     

     

  • Avis sur Jane Austen, Persuasion - fin

    En revanche j'ai préféré Lady Russel dans le film, où elle semble plus sympathique. Dans le roman je ne l'aime pas trop sans savoir pourquoi. C'est elle qui déconseille à Anne de se marier avec Wentworth lorsqu'elle a 19 ans ; dans le film ça me semble être vraiment pour son bien mais dans le roman elle me semble plus calculatrice.

    Concernant Wentworth, Que dire ? C'est l'un des personnages masculins que je préfère. Il est assez distant mais contrairement à Darcy qui a de l'orgueil, lui c'est de la timidité.

    Leur relation est basée sur des quiproquos !  C'est trop génial qu'ils se retrouvent, et les 2 derniers chapitres sont les meilleurs ! Comme souvent dans les romans de J. A. c'est là que tout s'explique et que plus rien ne retient leur amour !
    Mais j'avais tellement hâte de lire ces fameuses retrouvailles ! D'ailleurs dans le film les retrouvailles sont précédées d'une course folle pendant 1/4 d'heure ! Or ce n'est pas comme ça dans le livre et c'est bien  mieux !

    Bon de toute façon je pense le revoir pour l'éclairer à la lecture du roman !

    Ah oui évoquons aussi M. Elliot. J'avais peu de souvenirs de lui dans le film, mais dans le roman il a une place importante et il est présent dans le plupart des chapitres ! J'en avais marre même à la fin car on en parle beaucoup mais Anne n'en a rien à faire alors ça l'empêche juste de retrouver son capitaine !

    Ce roman est génial, je l'ai adoré, et je le recommande, évidemment !

     

    Jane Austen, Persuasion, Christian Bourgeois éditeur, 1980, 316 pages. Traduction de André Belamich

  • Jane Austen, Persuasion, Christian Bourgeois éditeur, 1980,

    austen.JPGCe roman est la dernière des six oeuvres majeures de Jane Austen que je lis. Je ne voulais pas boucler le challenge sans avoir lu Persuasion. C'est le seul roman que je lis après avoir vu l'adaptation, et cela m'a permis de connaître la fin mais je ne me suis pas pour autant ennuyée, bien au contraire car l'oeuvre de Jane Austen est pleine de finesse. Ce billet est un peu spécial. Je suis pleine d'émotion en l'écrivant car j'arrive à la fin de ma découverte Austennienne. Il me reste encore à lire ses oeuvres de jeunesse et puis d'autres romans dérivés, mais je suis émue que voulez-vous ! Jane est devenue mon auteur chouchou.

    Ayant lu ce roman en commun avec ma copine de ma vie Lolo (qui est toujours partante avec moi !) nous avons échangé des mails concernant Persuasion, et ce billet sera donc en bonne partie le mail que j'ai envoyé après avoir terminé la lecture, puisque tout y est dit !

    En décidant de lire ce roman, j'ai eu peur d'être déçue et de m'ennuyer car j'avais vu le film, mais en fait pas du tout, le livre est plus approfondi, et découvrir les sentiments des personnages plus longuement a été très plaisant.

    En plus le film coupe des scènes si je ne m'abuse (je vais le regarder à nouveau !) mais par exemple le moment où Louise  est en convalescence chez les Harville dure plus longtemps dans le roman ! Disons que les durées dans le film sont forcément écourtées, mais je trouve que du coup on se rend moins compte des enjeux.

  • Essai : Une histoire politique du cinéma - Régis Dubois

    Le cinéma, comme tout art d’ailleurs, connaît toujours une forte influence subie par l’environnement politique et social dans lequel il est créé. Evidemment il y a le fait des censures établies par certains régimes dictatoriaux, mais au-delà de cela, l’état et la société influent directement à la fois sur le contenu des scénarios, la forme des films et bien d’autres. Certains films ont été faits à une certaine époque et n’auraient pu être faits à une autre. Et il existe des liens évidents entre l’apparition des mouvements cinématographiques et les bouleversements sociopolitiques d’un pays, voire d’une région.

    cinema.JPGL’écrivain et essayiste français, déjà auteur de nombreux livres sur le cinéma  dont Hollywood, cinéma et idéologie, 2008 (également aux éditions Sulliver), nous propose ainsi ici de revisiter toute l’histoire de cet art à partir du cinéma muet jusqu’au années 2000, et cela non pas d’un point de vue artistique, mais purement politique et idéologique. Le livre est chapitré en fonction des grandes périodes politiques de l’Histoire : le cinéma muet du début de siècle, l’entre-deux guerres, la Seconde guerre mondiale, la Guerre froide, l’après-68, les années 80 et les années 90 à l’heure de la mondialisation. Toutefois l’auteur se concentre avant tout sur les cinémas européens (français avant tout), russes et américains tout en se permettant des incursions dans d’autres pays et régions tels l’Afrique et l’Asie par exemple. D’un cinéma contestataire en passant par un cinéma d’endoctrinement et de propagande, jusqu’au pur divertissement, l’auteur revoie ainsi les principaux courants de l’histoire et leur influence sur le septième art, en démontrant même comment des films à priori apolitiques peuvent parfaitement cadrer dans le cadre sociopolitique d’une époque. Si de nombreux ne sont que cités, pour chaque période certains sont analysés de façon plus précise, donnant ainsi une image plus en profondeur des périodes traités.

    En véritable pédagogue Régis Dubois réussit à admirablement bien synthétiser tout cela en à peine 200 pages, en s’adressant à la fois aux spécialistes du domaine ainsi qu’aux autres. Ce livre réussit à donner envie de revoir tous les films cités, mais incite aussi le lecteur à être plus vigilant par rapport à ce qu’il voit sur grand écran en gardant à l’esprit la dimension politique que possède toute œuvre d’art.

    Une histoire politique du cinéma de Régis Dubois est un beau livre de référence sur l'histoire du septième art, idéal pour tout amateur de films.

    Une histoire politique du cinéma - Régis Dubois - 2007