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lecture de : Echantillons gratuits ne pouvant être vendus séparément - Sébastien Gendron

Echantillons gratuits ne pouvant être vendus séparément.JPGDans une édition très soignée et colorée, le jeune écrivain, réalisateur de courts métrages et weblittérateur Sébastien Gendron, livre dans ces Echantillons gratuits ne pouvant être vendus séparément, un recueil de nouvelles aussi intéressant qu'inégal. L'homogénéité est évidemment la clé de ce genre d'ouvrages et ce qui rend souvent délicat la mise en place d'une collection de récits courts.

Le genre oublié

 

La nouvelle marche assez mal en France et cela n'a rien d'étonnant : la culture des revues est ici relativement limitée alors qu'elle foisonne aux Etats-Unis, les grands journaux n'en hébergent plus que pendant les périodes estivales, les éditeurs n'en veulent plus, si ce n'est lorsqu'elles proviennent d'auteurs bankables. Le roman est le seul truc qui compte et on se retrouve avec des adaptations de nouvelles de Maupassant, qui si elles sont excellentes, nous ramènent tout de même quelques années en arrière. Chez Gendron, donc, il y a du bon et du moins bon.

Parmi les bonnes surprises de ce recueil, une reprise d'un texte déjà sorti il y a quelques années intitulé Qui Détient Rose Divina Pita et qui illustre assez bien les forces et faiblesses de l'écrivain : l'idée est excellente (un type dans le besoin prétend pour soutirer une rançon qu'il détient en otage une star disparue depuis 2 ans - celle-ci malheureusement est retrouvée morte le jour de l'échange de la rançon....) mais la réalisation un peu paresseuse. Sur les 14 nouvelles, une grosse moitié fonctionne correctement, 5 ou 6 tombent à plat, soit parce que l'idée de base n'est pas assez solide ou surprenante, soit parce que l'approche technique n'est pas totalement convaincante. Les meilleures du lot figurent dans les premières cinquante pages et notamment celle, réellement excellente, d'un type qui reçoit l'ordre absurde d'aller récupérer un revolver dans une sorte d'armurerie et de revenir abattre son... patron.

Soyons réalistes...

Gendron est à son meilleur lorsqu'il reste près de situations réalistes (la nouvelle sur la Caissière 47 et son observateur secret est également très bonne), lorsqu'il tord très légèrement la surface du réel. Il est moins à l'aise lorsqu'il semble céder à certains gimmicks formalistes ou à des thématiques qui font figure de marronniers de la nouvelle (des histoires de masturbation ou de sexe, qu'on avait déjà lues chez Will Self ou Martin Amis). Son écriture est limpide, assez dépouillée et rend la lecture particulièrement fluide et agréable.

Globalement et sans qu'on s'enthousiasme outre mesure pour ce genre de format, Echantillons Gratuits... reste un bel effort pour composer des nouvelles qui traitent de la vie d'aujourd'hui, de l'époque et de situations mi-proximes, mi-fantastiques tout à fait dans le mouvement. La vie est dure et réserve des suprises désagréables : la nouvelle est l'une des façons les plus efficaces d'en rendre compte. Ces textes sont noirs sans être désespérés, souvent amusants et avec l'esprit mal tourné, entre le popu, le branché et le roublard d'un Teulé. Gendron n'arrive pas à la cheville d'un Jauffret, c'est un fait, que l'on se situe dans un concours de langue ou d'imagination. Il n'en fournit pas moins une copie moderne, digne d'attention et réellement plaisante.

 

 

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