Cette deuxième lecture de Middlemarch (la première m'ayant laissé une impression de longueur, de pages lues à toute allure pour enfin connaître la suite de l'histoire, le dénouement des intrigues) a été un vrai plaisir et une plongée dans des abysses narratives. En effet, Middlemarch est la juxtaposition de deux romans (et c'est ce qui en fait toute la richesse).
Le second roman de Middlemarch est une histoire d'accomplissement d'un destin à travers la vie de Dorothea de Lydgate. Dorothea est une jeune fille bien née, belle, talentueuse et vertueuse qui cherche à s'accomplir en se dévouant corps et âme à un objectif supérieur. Après s'être essayée à l'amélioration de la vie des paysans, elle décide d'épouser un vieux savant, Casaubon, qu'elle pense pouvoir aider à rédiger son oeuvre sur la mythologie, espoir qui est vite découragé par le caractère acariâtre, méfiant et jaloux de son mari qui s'avère bien moins brillant qu'elle ne le pensait. Car c'est tout le tragique de la situation de la femme que dénonce George Eliot : ces femmes brillantes, capables d'accomplir de grandes oeuvres ou de grandes actions mais qui sont contraintes par la société à se cantonner à une place inférieure et qui n'ont comme seule solution pour utiliser ne serait-ce qu'un peu leurs ressources et leurs dons de se mettre au service d'un homme pour le soutenir dans cette action. Middlemarch est le récit de la réduction en esclavage de Dorothea à un mari autoritaire mais aussi de sa progressive découverte de l'amour et d'une certaine - mais relative - indépendance.