Une tendnce littéraire actuelle est de se replonger dans des ouvrages passionants - essai ou fiction - abordant directement ou en filigrane les thèmes de la nature et de l'écologie, soit se tourner vers le nature writing mouvement littéraire encore peu connu en France, qui se veut en harmonie avec les grands espaces. Suivez donc notre guide de la littérature écolo, et faîtes votre choix en consultant :
Jean-Jacques Rousseau - Rêveries
Rousseau n'est pas à proprement parler un livre sur la nature mais il en parle mieux que personne. Dans les Rêveries du promeneur solitaire, Rousseau marche et devient homme en marchant. Il se situe dans le monde, dans sa propre vie, rêve à des lieux qu'il a connus, à des femmes qu'il a aimées, livrant un exemple de l'intégration réussie d'une âme humaine à l'esprit de la nature. Communion naturelle. C'est poétique, romantique, magique et on n'en revient pas.
Jack London - Construire un feu
L'histoire de Construire un feu peut être lue par les enfants. C'est l'un des textes les plus forts et rudes de London, une vraie leçon de vie qui permet de situer l'homme à sa vraie place : sous terre ou congelé en l'occurrence. Un randonneur présomptueux meurt de froid dans le grand Nord pour n'avoir pas respecté la nature. Il n'arrive pas à se réchauffer. La nature est plus forte que l'humanité. Le chien survit, l'homme est mort. Devinez lequel est le plus con des deux.
John Boyd - La Fille aux yeux de Jade
John Boyd est notre chouchou oublié de la littérature. Il a écrit sur les manipulations génétiques, sur l'environnement et a vu souvent plus loin et mieux que tout le monde. Dans La Fille aux yeux de jade, roman épatant, un extraterrestre échoué sur Terre laisse entrevoir dans l'étreinte (sssss) ce que serait un monde où la nature et nous vivrions en parfaite harmonie. La fin est somptueuse : un bûcheron, une sylphide, du drame et la nature comme terrain de jeux.
Victor Hugo - Les Contemplations
Une fois n'est pas coutume, Hugo poète se retrouve dans un de nos classements superbranchés car Les Contemplations regorgent de poèmes somptueux sur les éléments de la nature. Demain dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne... Mieux que Lamartine et d'autres romantiques qu'on a fait passer à la trappe (Hölderlin aurait mérité sa place), Hugo rules.
Lucrèce - De natura rerum
Comme celui de Rousseau, le livre ne parle pas directement de nature mais ne fait finalement que ça. Lucrèce définit surtout l'image sublime du locus amoenus, ce lieu agréable où l'on se retrouve entre amis, avec ou sans sexe, couchés dans l'herbe tendre à bailler aux corneilles. Le Locus amoenus est l'équivalent du jardin d'Eden pour les écolos et citoyens modernes : l'endroit où l'on est à l'abri de l'agitation du temps, là où sont les amis, et où l'harmonie s'exprime dans toutes ses dimensions. De natura rerum se pose en bréviaire des rapports entre l'homme et son environnement au sens large.
Hans Jonas - Le Principe responsabilité
Une éthique pour la civilisation technologique. Plus connu en Allemagne qu'en France, l'ouvrage clé d'Hans Jonas a été écrit en 1979. Il parle de l'importance des nouvelles technologies (technoscience) et de leur pouvoir infini. Ce sont elles qui « obligent » l'homme à une responsabilité nouvelle envers lui-même et envers l'environnement. Jonas invente à réfléchir avant d'agir dans des développements qui ont fait de lui (à tort ou à raison) le père du principe de précaution. Passionnant.
John Wyndham - Le Jour des Triffides
Et si la nature se retournait contre l'homme ? Wyndham, romancier brillant, devance Shyamalan et son Phénomènes de quelques dizaines d'années pour imaginer des végétaux surmotivés capables de prendre progressivement le contrôle de la terre. Ils commencent à coloniser les pelouses d'une banlieue à la Wisteria Lane avant d'envahir le monde. Le final est grandiose. L'un des meilleurs romans historiques.
Alan Moore - Swamp Thing
L'auteur des Watchmen décide de changer la créature des marais en un être végétal, sorte de gros bulbe connecté psychiquement et biologiquement avec l'esprit de la forêt. Alan Moore revisite ce comics DC dans un run épatant. Swamp Thing défend l'environnement contre les industriels de la chimie, les méchants bonhommes, les vampires. Nous sommes en 1985, 1986. Le dessin est gothique, somptueux.