Souvent j’ai vu mon chat jouer avec les souris qu’il ramenait jusque devant ma fenêtre ; coups de griffes, légère mastication pour se faire saliver, les laissant filer puis les rattrapant, une fois, deux fois, trois… avant de leur briser définitivement les os d’un coup de mâchoire bien placé et de les dévorer en ne laissant que ce petit sac vert qui peut être leur estomac et que personne ne daigne jamais déblayer ; - puis repartir à la chasse.
S’il se trouve que les personnages de Justine ont les mêmes habitudes que mon chat, et si l’héroïne se trouve être une souris particulièrement idiote, il y a comme la sensation qu’une fable de La Fontaine put aussi bien faire l’affaire. Pas que l’imparfait du subjonctif ne convienne guère à la narration d'une fellation forcée ou bien d’une sodomie brutale, mais cependant, ces longs discours sur l’immoralité de la nature auraient pu aisément se réduire à quelques lignes. Oui, il fut fort probable que Sade, contrairement à ses personnages (et contrairement à mon chat) s’ennuyât sec à la Bastille.
Mais quitte à dépenser des calories, dont le divin marquis ne manquait certes pas, il est sûrement de plus divines façons de le faire que celle qui consiste à copier les passe-temps de mon chat – qu'au passage j’apprécie beaucoup.