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  • Proust : Albertine disparue

    En fait, je ne vais parler que d’un des volumes de la Recherche , Albertine disparue, appartenant à Sodome et Gomorrhe et suite de La Prisonnière.

    Pourquoi parler d’Albertine disparue et non pas, par exemple, des premiers volumes de la Recherche  ? Les raisons sont multiples mais la principale est peut-être que j’ai eu l’impression enfin de commencer à réellement comprendre ce que Proust avait voulu accomplir avec la Recherche.

    La principale trame narrative peut être grossièrement résumée en quelques mots : à la fin de la Prisonnière, Albertine, l'une des jeunes filles en fleur, quitte le narrateur qui, dans Albertine disparue, va ressentir pleinement cette rupture sentimentale. Il réexamine le passé, analysant les faits, les gestes, les sentiments qu’il pense avoir mal interprétés à cause de sa jalousie maladive. Progressivement, il recrée une autre réalité, se convaincant que son amour pour Albertine peut revivre. C’est au moment où il se décide à lui donner une nouvelle chance que le narrateur la perd une seconde fois, et cette fois de manière définitive : alors qu’il lui envoie un télégramme la suppliant de revenir, il reçoit l’annonce de sa mort. Commence alors la seconde partie du roman, consacrée au deuil et à la redécouverte d’Albertine. Le narrateur suit ses traces, traque un fantôme, et découvre un autre visage du passé qui lui avait complètement échappé. La mort d’Albertine est aussi un élément déclencheur et libérateur : l’idée, de nouveau, du voyage à Venise (à rapprocher avec sa vocation d’écrivain).
  • middlemarch

    Cette deuxième lecture de Middlemarch (la première m'ayant laissé une impression de longueur, de pages lues à toute allure pour enfin connaître la suite de l'histoire, le dénouement des intrigues) a été un vrai plaisir et une plongée dans des abysses narratives. En effet, Middlemarch est la juxtaposition de deux romans (et c'est ce qui en fait toute la richesse).

    Le second roman de Middlemarch est une histoire d'accomplissement d'un destin à travers la vie de Dorothea de Lydgate. Dorothea est une jeune fille bien née, belle, talentueuse et vertueuse qui cherche à s'accomplir en se dévouant corps et âme à un objectif supérieur. Après s'être essayée à l'amélioration de la vie des paysans, elle décide d'épouser un vieux savant, Casaubon, qu'elle pense pouvoir aider à rédiger son oeuvre sur la mythologie, espoir qui est vite découragé par le caractère acariâtre, méfiant et jaloux de son mari qui s'avère bien moins brillant qu'elle ne le pensait. Car c'est tout le tragique de la situation de la femme que dénonce George Eliot : ces femmes brillantes, capables d'accomplir de grandes oeuvres ou de grandes actions mais qui sont contraintes par la société à se cantonner à une place inférieure et qui n'ont comme seule solution pour utiliser ne serait-ce qu'un peu leurs ressources et leurs dons de se mettre au service d'un homme pour le soutenir dans cette action. Middlemarch est le récit de la réduction en esclavage de Dorothea à un mari autoritaire mais aussi de sa progressive découverte de l'amour et d'une certaine - mais relative - indépendance.